
LE LAC AUX OIES SAUVAGES
Le nouveau film de Diao Yinan joue avec virtuosité des codes du polar pour mieux esquisser un portrait halluciné de la réalité chinoise.
Six ans après le polaire et angoissant Black Coal, très légitime Ours d’or à Berlin en 2013, Diao Yinan revient avec un thriller tropical et planant. L’extrême violence y surgit comme des shots d’adrénalines, comme des riffs de batterie dans un morceau de jazz libre.
Avec une élégance plastique qui évoque par moment les arabesques de Wong Kar-wai époque In the Mood for Love, le cinéaste joue en virtuose des agencements de lumières et d’ombres, de couleurs et de rythmes.
La grâce picturale d’un profil épuré devant une étendue d’eau contraste et dialogue avec les couleurs fluo et avec les néons déglingués de zones à demi ruinées, recomposant sans cesse les ambiances visuelles toujours impressionnantes, jamais gratuites.