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SECONDE JEUNESSE
Ce film qui célèbre la vie, l’amour et l’amitié, est un petit bijou de cinéma dans la pure tradition de la comédie italienne.
Le cinquième long-métrage du cinéaste, scénariste et acteur italien Gianni Di Gregorio est une comédie romantique savoureuse, qui met en scène le retour à la vie et à l’amour d’un doux septuagénaire, taciturne et fantasque.
Astolfo (Gianni Di Gregorio), professeur à la retraite solitaire, est gentiment mis à la porte de son appartement romain dans lequel il vit depuis des années par sa propriétaire. Elle souhaite le récupérer pour sa fille fraîchement mariée, et enceinte. Contrarié, mais d’un tempérament manifestement conciliant, Astolfo se lance dans la recherche d’un nouveau logement dans la capitale.
Après quelques tentatives infructueuses, il embarque à bord de sa vieille Panda déglinguée tout ce qui lui reste et rentre au village, où il possède une partie de la demeure de ses ancêtres. Ce palais magnifique et complètement décrépi est squatté par le presbytère contigu, et par Oreste (Alberto Testone), un hôte marginal et sympathique, avec qui très naturellement Astolfo se met à cohabiter (c’est plus compliqué avec les voisins pontifes).
Un cuisinier à la retraite et un jeune du village au chômage se joignent à eux pour des parties de cartes bien arrosées, autour d’un bon « ragu » ou de « pâtes à l’ail et à l’huile d’olive ». C’est dans ce contexte amical et joyeux qu’Astolfo, à l’initiative de son charmeur de cousin Carlo (Alfonso Santagata), va rencontrer Stefania (Stefania Sandrelli).
Fatalisme salvateur
Seconde jeunesse est une comédie romantique dans la pure tradition italienne, qui met ici en scène deux protagonistes ayant officiellement largement dépassé l’âge de la bagatelle. Ce détail ne les empêche pas de tomber amoureux avec la même fougue, la même émotion et la même timidité que deux adolescents.
Le réalisateur de Citoyens du monde (2019), Gianni et les femmes (2011) ou Le déjeuner du 15 août (2009) et scénariste de Gomorra (2008) signe un film humaniste, dans lequel il moque gentiment mais fermement les travers d’une société bien-pensante et profiteuse (le prêtre, le maire, les enfants de Stefania). Il dévoile à l’inverse la beauté du monde si l’on prend le temps de le regarder, et la profonde humanité de personnages marginaux, qu’il faut aller débusquer derrière les apparences.
Une lumière soignée, une mise en scène sobre soutenue par une bande-son enlevée dans les décors somptueux de la nature et de l’architecture italiennes, ce nouveau film de Gianni Di Gregorio chante l’amour tardif, mais aussi l’amitié, rendue possible par l’ouverture d’esprit et le tempérament conciliant d’Astolfo, porté par un fatalisme salvateur.
Ce personnage attachant est incarné par le réalisateur, habitué à se mettre lui-même en scène. Il est ici soutenu par la mythique Stefania Sandrelli et par des comédiens qui incarnent avec ferveur une troupe de personnages picaresques. Un petit bijou.