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LA BEAUTÉ DU GESTE

Ce film japonais sur une boxeuse malentendante bouleverse en s’inspirant d’une histoire vraie.

 

Boxer pour exister. C’est ce que pratique l’héroïne de La Beauté du geste de Sho Miyake. Cette jeune femme sourde, librement inspirée de la sportive malentendante Keiko Ogasawara, partage sa vie entre le ring et un grand hôtel où elle est femme de chambre. Ce n’est qu’en combattant qu’elle peut extérioriser ses frustrations dans un quartier de la banlieue de Tokyo où elle passe inaperçue.

 

En plein cœur de la pandémie de Covid-19 où tout le monde avance masqué, cette jeune femme passionnée ne peut même plus lire sur les lèvres. Sa solitude n’est trompée que par sa mère, son frère et son mentor, vieil entraîneur qui souffre de problèmes de santé. Sa « différence » rend la vie difficile tant au quotidien que dans un gymnase où les autres élèves jalousent l’attention portée à cette athlète pas comme les autres.

Un portrait de femme forte

« Les films de sports et plus particulièrement de boxe, défendent l’idée que les efforts finissent toujours par porter leurs fruits, explique le réalisateur. J’ai tendance à penser que la vie n’est pas aussi simple que ça. Je trouve plus intéressant d’observer l’impact des obstacles que l’on rencontre, comment on s’en relève ou pas. » Il se concentre sur les choix de l’héroïne quand elle apprend que sa salle de sport va fermer alors qu’elle est parvenue à passer professionnelle.

Filmé en pellicule 16 mm ce qui rend l’image volontairement granuleuse, La Beauté du geste mérite son titre en scrutant les mouvements dignes d’une comédie musicale que pratique l’héroïne en quête de perfection. Plus qu’un film sur le sport et le dépassement de soi, Sho Miyake interroge sur le poids des décisions que l’existence oblige à prendre. Une bande-son minimaliste, mais hypertravaillée rend parfaitement compte de l’isolement de la protago-niste. Le cinéaste braque aussi son objectif sur une banlieue méconnue de Tokyo dont les bâtiments sombres renforcent le côté cocon du gymnase.

Dans le panthéon des boxeuses de cinéma

Keiko entre avec discrétion dans le panthéon des boxeuses cinématographique. Comme Michelle Rodriguez dans Girlfight de Karyn Kusama ou Hilary Swank dans Million Dollar Baby de Clint Eastwood, Yukino Kishii s’impose dans les combats comme dans des scènes plus intimistes. Elle met souvent le spectateur K.-O. par sa jus-tesse et sa façon de s’exprimer par sa seule gestuelle.

(Caroline Vié, 20 Minutes, publié le 29/028/2023)