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KILLERS OF THE FLOWER MOON
Le trio complice livre une fresque sublime sur le drame méconnu des Amérindiens Osage dans les années 1920.
Martin Scorsese les réunit pour la première fois sous sa direction. Robert De Niro et Leonardo DiCaprio se font face devant la caméra du réalisateur pour Killers of the Flower Moon, fresque poignante de 3h26 découverte au Festival de Cannes. Le film produit par Apple Studios ne sera diffusé en streaming sur Apple TV+ qu’un peu plus tard. D’ici là, profitons de pouvoir le découvrir au cinéma.
Le réalisateur s’essaie pour la première fois au western pour raconter la façon dont les Amérindiens Osage ont été spoliés de leurs terres riches en pétrole par des Blancs sans scrupule dans l’Oklahoma des années 1920.
« Le sujet n’était pas de savoir qui est coupable mais qui ne l’était pas », a expliqué Martin Scorsese lors de la conférence de presse cannoise. Le cinéaste puise son inspiration dans un livre de David Grann, enquête passionnante sur ces faits peu connus en France. Ernest (Leonardo Di Caprio), vétéran naïf de la Première Guerre mondiale et son oncle William (Robert De Niro), éleveur aux agissements dignes de la mafia permettent au spectateur sidéré de comprendre comment une cupidité décomplexée a mené à ce désastre humain.
Une histoire d’amour et de trahison
Le respect de la parole Osage a été un élément fondateur de ce très beau film pour lequel les créateurs ont travaillé en relation avec les premiers concernés. « Je ne voulais pas adopter le point de vue des Blancs », insiste Martin Scorsese. Il plonge dans la réalité cruelle de ce qu’a subi ce peuple grâce au personnage de l’épouse autochtone d’Ernest brillamment incarnée par Lily Gladstone. Cette femme abusée est la véritable héroïne du film et on parle déjà d’elle pour les Oscars.
« C’est l’histoire de la tragédie de l’amour et de la trahison du peuple indigène par les Blancs. C’est ce choix qu’on a fait pour raconter cette histoire », insiste Martin Scorsese. Le calvaire de la jeune femme brise le cœur mais sa résilience éclaire l’ensemble d’un film très dense qui se développe avec tant d’ampleur qu’on ne voit pas le temps passer.
Un respect remarquable
Le cinéaste prend son temps avec un respect remarquable pour son sujet et des séquences à couper le souffle. Les rituels Osage sont révélés avec une grande justesse. Une pluie d’or noir laisse bouche bée par sa beauté tout en faisait presque toucher du doigt la richesse qui a causé la perte des Amérindiens. C’est du grand cinéma que nous offre Martin Scorsese en même temps qu’une réflexion sur l’histoire américaine sublimée par une partition on reconnaît parfois la patte du regretté Robbie Robertson.
(Caroline Vié, 20 Minutes, publié le 17/10/23)