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PARTHENOPE
Le dernier film de Paolo Sorrentino nous invite à voyager dans une ville de Naples mystérieuse et magnifiée.
Le dernier film de Paolo Sorrentino propose une réflexion sur la jeunesse, cette période faite de désirs et de confusion, et sur ce temps qui passe, et qui ne reviendra pas.« C’est le grand récit épique de la jeunesse, avec ses désirs, cette vie pleine de rêves et de promesses », confiait le réalisateur à franceinfo Culture au dernier Festival de Cannes, où son 10e long-métrage était présenté en compétition officielle.
1950. Une petite fille voit le jour dans la mer, au pied du palais familial. On la prénomme Parthenope, comme la sirène grecque, dont la légende est intimement liée à la ville de Naples. Dans sa chambre, un carrosse l’attend, rapporté de Versailles par son parrain pour lui servir de lit.
Parthenope devient une belle jeune fille (Celeste Dalla Porta), qui attise le désir de tous, y compris celui de son frère aîné Raimondo. Sandrino, l’ami d’enfance, est depuis toujours follement épris de Parthenope. Dans ses bras, elle se laisse distraire de ce frère que tout le monde s’accorde à décrire comme « fragile ». Jusqu’au drame.
Une fois les désillusions du corps arrivées, Parthenope se concentre sur ses études, et sur sa soif de connaissances, qui s’exprime à travers la relation quasi filiale que la jeune femme noue avec son professeur d’université. Parthenope finit par quitter Naples. On la retrouve bien des années plus tard, cette fois incarnée par la merveilleuse actrice italienne Stefania Sandrelli. Elle prend sa retraite de professeure d’université, et elle rentre dans sa ville de cœur.
Le film se referme sur l’image de cette vieille dame dansant d’un pied sur l’autre, une glace la main, émerveillée comme une enfant devant le spectacle d’un camion vaisseau transportant la liesse du Napoli. « Pour moi, le miracle, c’est de continuer à s’émerveiller. Plus on vieillit, plus c’est difficile et rare, donc quand ça arrive, ça devient vraiment un miracle », estime Paolo Sorrentino.
Une bulle napolitaine
Connu pour ses mises en scène rythmées comme des clips, et ses longs-métrages souvent imprégnés d’ironie sur son pays et sur sa politique, le réalisateur de La Grande Bellezza, Oscar du meilleur film étranger en 2014, propose ici un film contemplatif, presque métaphysique. Il filme Naples vue depuis la mer, comme une cité inaccessible, ses habitants comme des figurants à la plastique parfaite, que l’on aperçoit dans des travelings aux ralentis saisissants. Comme si la vie, en dehors du microcosme de Parthenope, s’était arrêtée. Comme si le réalisateur voulait arrêter le temps, et figer à jamais la beauté de sa ville, que le personnage de Parthenope incarne telle une allégorie de chair et d’os.
Dans une réalisation parfaitement orchestrée, où chaque plan est travaillé comme un tableau animé, Paolo Sorrentino nous invite à observer de très près les effets du temps qui passe, avec une mise en scène qui focalise totalement sur le sujet, reléguant tout le reste, tout le contexte, dans le flou, voire dans le hors-champ. « Je vois la beauté partout. Partout et dans tout, tout le temps, c’est mon problème », confiait Paolo Sorrentino à FranceInfo Culture.
« Qu’est-ce que l’anthropologie ? » Cette question de Parthenope scande le film. « L’anthropologie, c’est voir, quand tout le reste vient à manquer », finira par lâcher le vieux professeur de Parthenope. « Billy Wilder était un anthropologue », avait déclaré plus tôt le facétieux professeur en guise d’indice, glissant cette idée que le cinéma serait peut-être une forme d’anthropologie.