Copyright Sophia Olsson

WHEN THE LIGHT BREAKS

Le cinquième long-métrage du réalisateur islandais a reçu le Dragon Award pour le meilleur film nordique lors de la 48e édition du Göteborg Film Festival.

 

Une relation cachée, une mort soudaine, un deuil empêché. C’est l’équation brutale choisie par Rúnar Rúnarsson, dans son dernier film, When the Light Breaks. Projeté en ouverture de la section Un certain regard au dernier Festival de Cannes, le long-métrage du réalisateur islandais (Sparrows, 2015), traite de la mort avec une poésie et un réalisme captivants.

 

Pour vivre heureux, vivons cachés. C’est suivant cet adage qu’Una et Diddi, en couple depuis peu vivent un amour à 1 000% dans un huis clos passionné. C’est la magie de chaque début de relation, l’amour y est décomplexé et les sentiments maîtrisent chaque instant de l’existence.

 

Seulement, Una et Diddi ne forment pas un couple ordinaire. La jeune femme étudiante en art est l’amante de Diddi officiellement en couple avec Klara, depuis l’adolescence. Alors que Diddi s’apprête à révéler sa liaison à sa conjointe, il meurt brutalement dans un accident de voiture. Lorsque le bonheur vole en éclat, le secret se referme d’un coup sur Una, contrainte à vivre un deuil invisible.

 

Un jour sans lendemain

When the Light Breaks, c’est une plongée vertigineuse dans la vie de jeunes étudiants bouleversée par la mort tragique d’un ami. Avec grâce et intelligence, Rúnar Rúnarsson relate ce moment où le drame prend le dessus sur l’insouciance de la jeunesse. Pour la première fois, de jeunes adultes sont confrontés au deuil en dehors de leur environnement familial, au sein de l’entourage qu’ils se sont construit. L’anomalie de cette mort précoce est parfaitement illustrée lorsque le père d’Una, désemparé, demande à sa fille si elle fume, prêt à la réprimander, alors que la jeune fille est encore sous le choc de l’annonce de la mort de son copain.

 

Le réalisateur adopte le point de vue d’Una (incarnée par la jeune actrice Elín Hall), veuve d’un homme qui n’est pas le sien. Enfermée dans un deuil invisible, Una doit contrôler ses émotions et reste en marge de cet événement traumatique. Pour la jeune femme, le lâcher prise intervient curieusement par l’entremise de Klara, cette rivale qu’elle devrait haïr. Dans une entente tacite, les deux femmes se retrouvent dans leur peine, et rencontrent chez l’autre le miroir d’une souffrance indescriptible. Un film grandiose sur l’amour et l’amitié qui met en scène des relations de complicité à l’épreuve du deuil.

 

(Zoë Ayad, FranceInfo Culture, publié le 16/02/2025)

Écrire un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.