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L’INNOCENCE
Une potentielle affaire de harcèlement envisagée sous plusieurs points de vue. Le réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda signe une œuvre forte, à la fois sophistiquée et bouleversante.
Déjà palmé à Cannes pour Une affaire de famille (2018), le Japonais Hirokazu Kore-eda était à nouveau en compétition en 2022 avec une livraison légère et émouvante (Les Bonnes Étoiles). Un régal. Mais cette année, il est revenu sur la Croisette avec un opus d’une autre envergure (prix du scénario à la clé). Monster (un beau titre transformé en L’Innocence pour sa sortie française) se concentre d’abord sur un psychodrame frappant un établissement scolaire.
Le jeune Minato n’a pas un comportement normal, un prof est soupçonné de l’avoir verbalement agressé. La mère, veuve déterminée, fulmine. L’équipe enseignante bat sa coulpe. À la japonaise, avec mille excuses. Un simple dérapage ? Une véritable affaire de harcèlement ?
C’est là que le brio de Kore-eda se déploie. Les mêmes séquences vont être envisagées sous d’autres points de vue. Multiples fausses pistes dans un labyrinthe quasi kafkaïen, jusqu’à ce que se dessine la relation ambivalente qui unit Minato à un autre camarade. Et si les regards des adultes n’étaient pas les bons ? Ou qu’ils avaient plus cruellement rejeté cette réalité parallèle et incandescente ?