Copyright Vincent Tessier – Bonne Pioche Cinéma, Apollo Films Distribution, Federation Pictures – 2024

LA VIE DEVANT MOI

Pour ancrer la fiction dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, le réalisateur Nils Tavernier a inséré quelques images d’archives tout au long du film.

 

Raconter l’histoire vraie – et extraordinaire – de Tauba Birenbaum et ses parents sur grand écran : c’est la promesse du nouveau film de Nils Tavernier La Vie devant moiLe réalisateur a été profondément bouleversé par le témoignage de Tauba, filmé en 1997 dans le cadre de la « Survivors of the Shoah Visual History Foundation » de Steven Spielberg. Il a donc décidé d’en faire un film avec l’aide de Guy Birenbaum, fils de Tauba et du résistant Richard Birenbaum.

 

Tauba, née Zylbersztejn, était une jeune fille juive d’origine polonaise, vivant à Paris avec ses parents. Elle a 14 ans en 1942, pendant l’Occupation. Le 16 juillet, jour de la rafle du Vél d’Hiv, l’enfer commence pour la famille. Des policiers et gendarmes français, sous ordre du gouvernement de Vichy, arrêtent des milliers de Juifs pour les entasser au Vélodrome d’Hiver et ensuite les envoyer vers le camp d’extermination d’Auschwitz. Par chance, les Zylbersztejn échappent de justesse aux arrestations grâce à un couple, les Dinanceau, qui leur propose de les cacher dans leur chambre de bonne. Mais pour combien de temps ?

 

Un huis clos silencieux et captivant

La Vie devant moi invite le spectateur dans un huis clos très silencieux, mais captivant, enrichi d’archives de l’époque donnant au récit du réalisme et une émotion supplémentaire. Pendant deux ans, de l’été 1942 à l’été 1944, Tauba, Moshe et Rywka Zylbersztejn survivent dans un espace restreint de quelques mètres carrés, contraints de faire le moins de bruit possible pour ne pas être démasqués. Et c’est le parcours du combattant de se rendre aux toilettes sur le palier par exemple, avec la boule au ventre à chaque nouveau son venant de l’extérieur. L’éternité du temps ressenti par les Zylbersztejn passe en un instant grâce à l’attention portée à chaque détail, chaque couleur, chaque silence, tenant le spectateur en haleine jusqu’à la fin du calvaire.

 

Nils Tavernier filme la promiscuité. Et aussi les moments de tendresse que celle-ci finit par renforcer dans une petite famille déjà soudée et confrontée à la peur d’être un jour arrêtée. La jeune fille, malgré son âge, aide ses parents à tenir bon grâce à sa résilience et son regard attendrissant : elle aménage un coin salle de bain pour plus d’intimité, propose à sa mère de s’occuper de ses cheveux qui commencent à devenir longs sur sa nuque. Passionnée de piano, elle en dessine un à la craie sur le sol et chantonne La Romance de Paris de Charles Trenet, ce qui permet à son père d’esquisser enfin un sourire de bonheur et de l’accompagner en chanson.

(Marianne Leroux, FranceInfo Culture, publié le 23/02/2025)

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