Sandrine Kiberlain trouve un rôle à sa mesure dans Sarah Bernhardt, la divine de Guillaume Nicloux. Cette comédienne, née en 1844 et morte en 1923, est restée dans les mémoires comme nulle autre. « Elle a mis en scène sa vie, déclare Sandrine Kiberlain. Elle était la première influenceuse ». Son talent et son excentricité apparaissent dans ce film passionnant qui rend autant hommage à la femme qu’à l’actrice.
« J’étais loin d’imaginer ce que j’ai appris en lisant le scénario et en faisant des recherches pour préparer le rôle, explique Sandrine Kiberlain. Elle ne se souciait pas de plaire et faisait les choses comme elle le sentait en se permettant toutes les libertés ». Comme celle d’être bisexuelle, de s’engager contre la peine de mort, de défendre les droits des femmes et dire le fond de sa pensée sans la filtrer.
Une autre façon de jouer
« Elle avait une personnalité volcanique, déclare Laurent Lafitte qui incarne Lucien Guitry, l’un des grands amours de la comédienne. Il devait vraiment se passer quelque chose de très impressionnant quand elle était sur scène car il arrivait que des spectateurs s’évanouissent pendant la représentation ». Les enregistrements vocaux de Sarah Bernhardt à la fin de sa vie donnent à penser que le jeu d’acteur a beaucoup évolué en plus d’un siècle.
« On comprend un mot de temps en temps, reconnaît Laurent Lafitte mais on sent sa présence ». Ce charisme, Sandrine Kiberlain le restitue de façon magistrale. « J’étais habitée par Sarah, mais je ne savais pas comment ça allait sortir, se souvient-elle. Guillaume Nicloux et l’équipe étaient mes premiers spectateurs ». Ce qui sort, c’est le portrait d’une femme d’exception, attachante, agaçante et autoritaire (surtout envers son domestique joué par le toujours merveilleux Laurent Stocker).
Comme une rock star
« Elle a réussi à exister sur la scène et en dehors sans jamais être filmée et sans réseaux sociaux, explique Sandrine Kiberlain. Je pense que sa sincérité était totale. Si sa façon de jouer est datée, on sent qu’elle habite tous ses mots. Elle partait comme dans un trip quand elle était dans un rôle ». On découvre aussi dans le film qu’elle a été la première à signer des autographes et qu’elle a été très impliquée dans l’affaire Dreyfus. « Elle faisait parler d’elle dans tous les domaines et cela sans calcul, insiste Sandrine Kiberlain. Elle vivait comme une rock star avec ses extravagances comme de répéter dans un cercueil. »
Une femme brillante
Si elle pouvait être souvent écrasante, la personnalité de la star lui a aussi valu des affections fidèles à l’instar de celle de l’artiste Louise Abbéma à qui Amira Casar prête ses traits. « Elle prenait toute la place mais Sarah était aimée pour la vie. C’était une femme brillante indépendamment de la grande comédienne qu’on peut imaginer », déclare Sandrine Kiberlain. Sa performance subtile et flamboyante rend à la fois justice et hommage à son modèle qu’on se prend regretter de ne jamais avoir vu sur scène.
(Caroline Vié , 20 Minutes, publié le 17/12/2024)