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MOI QUI T’AIMAIS

Dans « Moi qui t’aimais » , Diane Kurys revient sur la fin de vie d’un couple mythique endommagé par le temps et l’adultère.

 

Avant Jennifer Aniston et Brad Pitt, il y a eu Simone Signoret (1921-1985) et Yves Montand (1921-1991). C’est ce couple de stars mythiques que fait revivre Diane Kurys dans Moi qui t’aimais, découvert au Festival de Cannes dans la section Cannes Classics. La cinéaste, qui avait déjà étudié les rapports compliqués entre Georges Sand et Alfred de Musset dans Les Enfants du siècle, confie à Marina Foïs et Roschdy Zem les rôles des époux terribles. Elle a choisi de montrer l’automne de leur vie entre 1973 et 1985.

 

Dire que leur relation est un long fleuve tranquille ne correspond pas à la réalité. Simone Signoret boit et tricote. Yves Montand n’a pas renoncé à son rôle de séducteur. Leur vie commune tourne souvent au vinaigre. « Au bout de tant d’années, tu ne sais plus si c’est ta femme, ton amie, ta sœur, ta mère ou ta pire ennemie. Tu sais juste que tu ne peux pas vivre sans elle », commente Yves Montand dans le film par la voix de Roschdy Zem. L’ombre d’une femme depuis longtemps disparue plane sur les rapports entre époux. Au début des années 1960, Yves Montand a entretenu une liaison avec Marilyn Monroe. Sa femme lui a pardonné mais ni l’un ni l’autre n’a oublié cette affaire qui a torpillé leur mariage.

 

Amis puis amants

Nous sommes en 1960. A New York, Simone Signoret et Yves Montand copinent avec Marilyn Monroe et le romancier Arthur Miller, alors mariés. Les deux couples sont inséparables. Marilyn a un faible pour le « French lover » que les Américains ont surnommé « ce que la France a offert de mieux depuis la tour Eiffel ». Elle le fait engager sur son film suivant : Le Milliardaire, comédie de George Cukor au titre américain prémonitoire Let’s Make Love ( « Faisons l’amour »). Le duo ne se fait pas prier. Profitant du départ de leurs conjoints et de la proximité de leurs bungalows au Beverly Hills Hôtel, ils unissent leurs solitudes en une histoire d’amour torride. Ils ne sont pas vraiment discrets et font les choux gras des paparazzis.

 

Il n’existe pas de réseaux sociaux à cette époque, mais les journaux relaient bien vite la nouvelle. Yves Montand tente d’éteindre l’incendie dans les médias en déclarant dans le quotidien Sud Ouest le 4 septembre 1960 : « Marilyn est charmante, ravissante. Elle a été parfaite dans le film que nous avons tourné ensemble, et je n’oublierai jamais comme elle a été chic avec moi… Mais elle n’a jamais eu pour moi « un béguin de lycéenne ». Ses explications ne convainquent personne. Simone Signoret apprend son infortune par les gazettes.

 

Le pardon de Simone Signoret

« La cocue la plus célèbre de France » comme l’a surnommée son petit-fils Benjamin Castaldi, serre les dents. Elle sait que cette affaire ne devrait pas se poursuivre après le tournage. Elle pardonne donc à son époux dont les infidélités sont nombreuses. « Pas une seconde je n’ai envisagé de rompre avec ma femme », a-t-il déclaré alors qu’une rumeur laisse entendre que Marilyn Monroe serait enceinte de lui. On ne saura jamais si elles sont justifiées. Yves Montand met un terme à leur liaison avant de rentrer à Paris.

 

Dommages collatéraux

Marilyn Monroe et Arthur Miller divorcent en 1961. L’actrice sombre doucement dans l’alcool et les médicaments. Simone Signoret et Yves Montand restent ensemble jusqu’au décès de cette dernière en 1985. « Je n’ai jamais eu le courage », déclare Simone Signoret par la bouche de Marina Foïs quand on lui demande pourquoi elle n’est pas partie. Elle a longtemps regretté de ne pas avoir eu le temps de dire à Marilyn Monroe, décédée en 1962, qu’elle ne lui en voulait pas. Diane Kurys saisit la fin du couple Signoret/Montand dans Moi qui t’aimais aidant à comprendre la relation de ce couple de stars inséparables mais désunies.

(Caroline Vié, 20 Minutes, publié le 30/09/2025)

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