Copyright Jean-Louis Fernandez
MARCELLO MIO
« Sois plus Mastroianni que Deneuve ! » Cette injonction, prononcée avec autorité par la cinéaste Nicole Garcia lors d’essais pour un prochain film, précipite Chiara Mastroianni dans cette fantaisie cocasse, mélancolique et cinéphile où la comédienne de « Non ma fille tu n’iras pas danser » (Christophe Honoré déjà), lasse d’être sans cesse ramenée à sa condition de fille de…, choisit de se glisser dans la peau de son père. Au grand dam de Catherine D., sa mère, qui trouve ce jeu de transmutation cruel et douteux.
Pour son nouveau long-métrage, Christophe Honoré part d’un postulat de comédie transformiste (« Victor Victoria » n’est pas très loin) pour glisser vers une réflexion douce et amère sur le métier d’actrice, l’implication du jeu et ses répercussions intimes. En choisissant de « devenir » son père version jeune et fringante, Chiara parcourt sa filmographie, écorne son empreinte et ravive l’érotisme à double lecture d’un immense comédien ayant eu lui-même un rapport biaisé et assumé à la virilité. Un homme déjà fluide – pour ne pas dire queer – avant l’heure, qui n’hésita jamais à jouer les impuissants (« le Bel Antonio », de Bolognini), les homosexuels (« Une journée particulière », de Scola) ou encore les hommes enceints (« l’Evénement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune », de Demy). Rectification assumée du fameux mythe de l’Italian lover.