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L’ACCIDENT DE PIANO
Sandrine Kiberlain, Jérôme Commandeur et Karim Leklou jouent dans « L’Accident de piano », comédie malicieuse de Quentin Dupieux où ils entourent une influenceuse jouée par Adèle Excharchopoulos.
Sandrine Kiberlain, Jérôme Commandeur, Karim Leklou : ils sont trois petits nouveaux à rejoindre l’univers de Quentin Dupieux. Dans L’Accident de piano, ils entourent Adèle Exarchopoulos qui incarne Magaloche, une influenceuse tentant de passer inaperçue pour ne pas terminer dans la rubrique « faits divers » après avoir fait une grosse bêtise. Cette comédie malicieuse offre une bonne occasion de parler réseaux sociaux avec le trio.
« Les influenceurs n’ont pas grand-chose à voir avec ce que nous sommes tous les trois, explique Karim Leklou à 20 Minutes. Cela est bien montré dans le film. La frontière entre ce qu’est Magaloche et la vraie Magalie est plus floue que celle qui nous sépare des personnages qu’on interprète à l’écran ». Karim Leklou, qui vient de recevoir un César pour Le Roman de Jim, joue un fan de Magaloche prêt tout pour obtenir un selfie avec son idole. « Il la lâchera à la seconde où il aura sa photo !, dit-il. Sincèrement, je n’ai jamais connu de situation semblable dans ma carrière ».
Influenceurs, un monde à part
Sandrine Kiberlain abonde dans son sens. « Il existe une proximité entre les influenceurs et leurs abonnés qui est vraiment particulière, précise la comédienne à 20 Minutes. Les gens qui m’abordent ne pensent pas que je suis leur meilleure copine. Ils gardent une distance. Je peux toujours faire mes courses à visage découvert car j’ai compris que j’étais dix fois plus reconnaissable si j’essayais de me cacher ». Dans le rôle d’une journaliste plus tenace qu’un ratier, Sandrine Kiberlain tente de faire parler l’influenceuse Magaloche.
« Ça m’amuse quand les gens s’imaginent que je suis abordé tout le temps, plaisante Jérôme Commandeur. Surtout au restaurant quand on me propose une table discrète alors que pratiquement personne ne vient m’embêter. Pour les influenceurs, c’est différent car les gens croient les connaître parce qu’ils ont échangé deux ou trois messages avec eux. » Dans la peau du manager de Magaloche, il se laisse maltraiter mais se paye sur la bête : il exploite son employeuse autant qu’il le peut. « Il crache littéralement dans le yaourt de Magali mais il comprend le système et la protège d’un univers où tout le monde estime avoir des droits sur son image. »
Une compétition flippante
Le trio gère ses réseaux sociaux chacun à sa façon. « J’avoue que ça m’a longtemps mis dans un état de Caliméro, avoue Jérôme Commandeur. Je me comparais sans cesse aux autres et cette course effrénée me rendait malade. J’ai mis du temps à relativiser, à passer à autre chose de plus constructif. » C’est fait depuis longtemps pour Sandrine Kiberlain. « Les réseaux n’existaient pas quand j’ai commencé ma carrière, dit-elle. Je découvrais ce qu’avaient fait les autres quand leur film sortait. Quand j’ai commencé à poster, j’utilisais les réseaux comme un appareil photo pour partager de jolies choses puis j’ai compris que ça ne fonctionnait pas comme ça. Les gens devaient penser que je vivais au pays de Oui-Oui parce que j’étais complètement éthérée… »
Karim Leklou a lui aussi refusé de se laisser happer. « Les choses ont vraiment changé dans notre rapport à l’image. Ce qui est dingue c’est l’émergence du mot « liker » dans notre vocabulaire, insiste-t-il. Ce besoin d’approbation générale de gens qu’on ne connaît pas forcément est devenu assez flippant. C’est d’une violence inouïe. Il faut essayer de s’en préserver. C’est surtout dur pour les jeunes ». Et tous signalent que le fait que les directeurs de castings considèrent de plus en plus souvent le nombre d’abonnés des interprètes potentiels avant de distribuer un rôle.
L’IA en question
« C’est un comme une cour de récréation gigantesque avec les gens populaires et ceux qui ne le sont pas, ceux qui harcèlent et ceux qui subissent, commente Sandrine Kiberlain. Si on se laisse prendre, on peut ne juger les gens que par leurs publications et estimer que ceux qui ne publient pas ne font rien. »