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SEPT HIVERS À TÉHÉRAN
Ce documentaire d’une grande force se regarde comme une fiction faite à partir d’extraits d’archives et de vidéos familiales, agrémentées de témoignages poignants et émouvants auxquels le spectateur ne peut rester insensible.
Ce fait divers au retentissement mondial situe les racines de ce point de non-retour dans lequel la jeunesse iranienne en lutte a l’impression aujourd’hui de se trouver. Reyhaneh Jabbari est l’une des nombreuses victimes de ce patriarcat d’un autre âge. Ce remarquable documentaire résonne avec la mort en détention de Mahsa Amini, une jeune femme de vingt-deux ans arrêtée par la police des mœurs, à l’origine des révoltes qui agitent le pays depuis le 13 septembre dernier. Ce qui frappe dans la comparaison des deux faits, c’est aussi la capacité de cette jeunesse iranienne à prendre à témoin le monde, à contourner la censure et à braver l’interdit pour nous rappeler à nos responsabilités humanistes. Le 9 janvier dernier, Steffi Niederzoll déclarait d’ailleurs : « À l’heure où nous échangeons, on a pu lire dans les journaux que vingt-six manifestants ont déjà été condamnés à mort, et quatre d’entre eux déjà exécutés. J’espère qu’à travers le film on ne verra plus simplement des chiffres, mais que l’on pourra saisir les destins derrière ces nombres et comprendre qu’il y a une mère comme Shole, un père comme Fereydoon et des frères et sœurs comme Sharare et Shahrzad. Qu’à travers le film, on pourra sentir combien de souffrance suscitent ces peines. J’espère que cela nous poussera à nous y intéresser de plus près et à demander à nos gouvernements de faire de même. »
Cet engagement de la réalisatrice qui s’essaie pour la première fois au cinéma documentaire trouve sa genèse dans la rencontre avec la famille de Reyhaneh. De cette rencontre avec Shole Pakravan, la mère de Reyhaneh, a été tiré ce film et coécrit un ouvrage. À également compté l’engagement de Zar Amir Ebrahimi dont elle estimait qu’elle « pourrait comprendre Reyhaneh à travers sa propre expérience du système patriarcal iranien. Dès notre première conversation téléphonique, j’ai tout de suite su qu’elle était la bonne personne. Je pouvais entendre dans sa voix la blessure de l’exil et d’avoir été persona non grata parce qu’elle était femme – qui mieux que Zar pouvait donner vie et âme aux textes de Reyhaneh ? »