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SUR L’ADAMANT
C’est un lieu unique, où soignants et soignés respirent le même air. Nicolas Philibert, sans commentaire, regarde vivre les fêlés qui laissent passer la lumière. Il y a gagné un Ours d’or à Berlin.
Une péniche où se retrouvent des hommes et des femmes. Certains accueillent, d’autres sont accueillis. Dès les premières minutes, un homme sans âge aux cheveux gris, mais avec des mimiques enfantines, chante en intégralité La Bombe humaine du groupe Téléphone. Il y a comme un petit vent de folie. Les applaudissements fusent. À bord de ce bateau qui ne bouge pas, ça tangue, parfois. Certains dansent, d’autres chantent, d’autres encore disent qu’ils sont « cassés dans leur tête ». Il y a aussi ceux qui se taisent. Mais leurs yeux nous transpercent, ils plongent dans l’objectif de la caméra (à moins que ce ne soit le contraire ?) et nous atteignent en plein cœur.
L’objectif. L’objectivité. Qu’est-ce donc ? Surtout en matière de documentaire sur une unité psychiatrique de jour, où la frontière entre soignants et soignés est sans cesse traversée. Par exemple, la réunion accueillant des nouveaux venus (dont, ce jour-là, un élève infirmier) est orchestrée par deux femmes, mais les deux n’ont pas le même statut. Ce n’est ni écrit ni dit, c’est ressenti. À la manière dont la première recadre gentiment pour revenir à l’ordre du jour, tandis que la seconde pose des questions à la cantonade.