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À SON IMAGE

Peu évoquée au cinéma, la lutte d’une frange de la population corse pour l’indépendance de l’île habite ce portrait de femme libre.

 

Le réalisateur Thierry de Peretti, habitué des histoires conflictuelles (Enquête sur un scandale d’État) s’attaque au milieu indépendantiste corse sous un jour romanesque. Il adapte À son image de Jérôme Ferrari, où une photographe de presse se retrouve au plus près de ses militants, en vivant leur lutte de l’intérieur, tout en en restant distante par son métier d’observatrice.

 

Un double jeu, où l’amour se mêle de politique et d’engagement, avec la détermination d’une femme à s’imposer dans sa vocation. Film à plusieurs dimensions, À son image sort en salles mercredi 4 septembre, alors que vient de s’ouvrir le 31 août le festival Visa pour l’image de Perpignan, consacré au photojournalisme.

 

Indépendance

Film sur la volonté d’une jeune femme à faire sa place dans la photographie de presse, employée chez Corse-Matin, À son image associe à Antonia comme compagnon un militant aguerri du FLNC (Front de libération nationale corse), dans une île agitée par les revendications indépendantistes. On se souvient des retours réguliers à l’époque dans toute la presse, des attentats dans l’île et sur le continent. Ils se comptaient par dizaines chaque année de 1979 à 2022.

 

Excellent sujet que prend entre ses mains expertes Thierry de Peretti, dans un film frôlant parfois le reportage, mais toujours dans une veine dramatique. Le réalisateur donne un très bon titre à son film puisqu’il personnifie son héroïne, créatrice de ses clichés, libre et indépendante, à l’image de la revendication des Corses du FLNC. Film solaire par sa lumière insulaire, À son image ne néglige pas les ombres d’un mouvement devenu aujourd’hui crépusculaire.

 

Coup de foudre et coups de feu

Le film prend Antonia (Clara-Maria Laredo) à toutes les étapes de son évolution au sein de l’organisation. De son arrivée à Corse-Matin à sa présence sur le lieu d’un règlement de compte entre nationalistes à la terrasse d’un café. Entre-temps, il y aura eu cette rencontre avec Pascal, dont le coup de foudre prédit les coups de feu qui vont jalonner leur amour.

 

Film initiatique, pour Antonia, il l’est aussi pour le spectateur qui en apprend sur les tenants et aboutissants d’une situation alors au cœur de l’information, moins probante aujourd’hui. Thierry de Peretti ne prend pas parti en restant observateur. Il filme avec recul l’introspection d’un milieu en marge, politique et idéologique, mais aussi armé. Porté par son sujet, À son image n’en fait pas le procès, mais en déplie la carte du territoire.

 

(Jacky Bornet, FranceInfo Culture, publié le 01/09/2024)

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