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HIGHWAY 65

Pour son deuxième film, grand prix du dernier Festival Reims polar, l’Israélienne Maya Dreifuss livre un polar rural et poisseux autour de la mystérieuse disparition d’une jeune femme un peu trop jolie. En pleine nuit, une femme en robe rouge court à perdre haleine vers un champ de maïs. Les cinéphiles du monde entier auront immédiatement identifié le clin d’œil malicieux à La Mort aux trousses. Cette grammaire codifiée a fait ses preuves. Elle indique aux spectateurs que Highway 65 est un film policier, retors à souhait. Ancienne reine de beauté régionale, veuve d’un soldat mort au Liban, liée au puissant clan de la famille Golan, Orly s’est volatilisée, mais personne au village ne semble y prêter attention, arguant du fait qu’elle était une fille légère. Pourtant, son téléphone renferme des vidéos fort intéressantes. Cette affaire finit par obséder notre policière, Daphna, à l’exact opposé de cette pin-up faussement écervelée.

 

L’actrice Tali Sharon habite son rôle avec autant de conviction que de finesse. Elle fait de son personnage une enquêtrice tenace, futée, aussi puissante qu’elle peut être fragile. Elle ira jusqu’au bout de son enquête. Même si l’intrigue de ce polar poisseux reste classique, Highway 65, tourné en hébreu, fait preuve d’originalité dans sa mise en scène et sa volonté de remettre en question les jeux de pouvoir patriarcaux et la place de la femme dans la société israélienne. On comprend que Danièle Thompson, présidente du jury de Reims Polar, se soit entichée de ce thriller féministe rural.

(Olivier Delcroix, Le Figaro, publié le 31/07/2024)

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