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GRAND TOUR
Prix de la mise en scène au Festival de Cannes, « Grand tour » étonne à tous les étages, un des meilleurs films de l’année.
Le réalisateur portugais Miguel Gomes avait conquis critique et public avec Tabou en 2012. Il va encore plus loin avec Grand tour qui mélange couleur et noir et blanc et entremêle les époques dans une Birmanie coloniale de 1918, mais aussi contemporaine.
Un mélo moderne
D’une beauté picturale époustouflante, tout en référence au mélodrame, genre roi des débuts du cinéma (l’action débute en 1918), Grand tour ne fonctionne pas pour autant sur le mode nostalgique, mais reflète un cinéma d’une rare modernité. Ce n’est pas le moindre des paradoxes qui habite un film hors les sentiers battus qui renoue avec les origines du septième art.
À Rangoon (la plus grande ville du Myanmar, ex-Birmanie), Edward, sujet britannique, fuit la ville où il devait se marier avec Molly ce même jour. Convaincue qu’il est l’homme de sa vie, elle part à sa recherche en suivant le « Grand tour » que nombre de Britanniques faisaient autour de l’Asie à l’aube des années 1920.
Sincérité cinématographique
Miguel Gomes fait œuvre de pictorialisme tant il soigne son cadre et ses lumières, sans être ostentatoire ni formel, mais en flattant l’œil de ses belles compositions. Les costumes, les décors, les cadrages, passant du format carré au panoramique, ajoutent à la diversité en chatoyant l’œil. Mais sans jamais d’abondance formelle au détriment de l’histoire. Simple en soi, mais toujours relancée, intrigante, sinon mystérieuse, comme disait la chanson Nuits de Chine (Louis Lynel en 1922) : « Nuits de Chine, nuits câlines, nuits d’amour, nuits d’ivresse, de tendresse ». C’est tout Grand tour.