GREENHOUSE

Ou comment une aide à domicile bienveillante travaillant chez un couple de personnes âgées et très diminuées est confrontée à un vertigineux dilemme.

Moon-jung est une aide à domicile à la vie triste et fragmentée. Son fils, adolescent, a été incarcéré mais elle va bientôt le retrouver et la perspective de pouvoir enfin envisager un avenir (et un nouvel appartement) la fait tenir dans un quotidien rugueux qu’elle assume avec le souci du bien d’autrui. Elle s’occupe en effet d’un couple âgé. Le monsieur est aveugle et perçoit qu’Alzheimer va bientôt le rattraper. La dame est sénile, et Moon-jung doit subir ses insultes et ses violences.

C’est alors qu’un drame survient, dans l’intimité d’une salle de bains. On n’en dira pas davantage. Disons que l’aide-soignante, confrontée à un dilemme, va opter pour l’aberrant, dans un réflexe de survie pour son fils et elle-même. Greenhouse bifurque vers le thriller domestique oppressant, sans lâcher le cœur de son sujet : le sort réservé aux aînés, la cohabitation avec la vieillesse, la confrontation à la déchéance… Ce drame coréen doté d’un uppercut final nous dit finalement que la société qui ne se préoccupe pas de ses anciens menace aussi l’avenir de sa jeunesse. Implacable démonstration.

(Christophe Caron, La voix du nord, publié le 28/05/2024)