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SI SEULEMENT JE POUVAIS HIBERNER

La cinéaste Zoljargal Purevdash signe avec « Si seulement je pouvais hiberner » un film social et politique percutant. Porté par de jeunes acteurs inspirés, le long métrage mongol a une portée universelle. Bouleversant.

 

Si seulement je pouvais hiberner, premier film de la réalisatrice Zoljargal Purevdash, en salles mercredi 10 janvier, brosse un portrait sans fard d’une société mongole prise dans des difficultés universelles. Il est le premier film mongol à avoir été présenté au Festival de Cannes, où il a été accueilli avec émotion en mai 2023. C’est un grand film, de la veine du Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica. C’est un film social, politique, excellemment servi par une esthétique raffinée.

 

Comment survivre et s’extraire de sa condition sociale

Si seulement c’était possible, Ulzii n’aurait pas, tel Sisyphe, à porter le monde sur ses épaules. Ulzii, lycéen très doué en sciences physiques, doit subvenir aux besoins de sa famille, remplacer son père décédé et sa mère noyée dans l’alcoolisme. Sa jeune sœur et son frère cadet dépendent entièrement de lui. Alors Ulzii rivalise d’ingéniosité et de débrouillardise pour nourrir sa famille et chauffer la yourte.

 

Dehors, il fait -35 degrés. Quand le charbon vient à manquer, toute la fratrie se retrouve en danger. Pourtant, Ulzii rêve. Il rêve de participer au concours national de sciences physiques. Son objectif : décrocher une bourse et avoir un salaire plus tard pour sortir sa famille de la misère. « Si je pleure, j’aurai l’impression d’être vaincu « , avoue-t-il. Alors, Ulzii ne doute pas, il se bat, tombe, se relève… puis tombe, puis se relève…

 

Les gens des yourtes

La cinéaste mongole Zoljargal Purevdash raconte une histoire universelle, un combat, une révolte contre un ordre injuste. À la périphérie d’Oulan-Bator, un quartier de yourtes où sont installés des réfugiés économiques, contraints et forcés de quitter leurs terres pour la capitale, à la recherche d’un emploi, fait l’objet de toutes les exclusions.

 

La distance entre l’Oulan-Bator des immeubles et celui des yourtes se mesure en années-lumière. Les habitants des yourtes sont accusés de polluer l’atmosphère. « J’ai grandi dans ce district et j’y vis toujours. Je sais que personne ne brûle du charbon pour empoisonner l’autre côté de la ville. Ce que nous respirons n’est pas de la fumée, c’est de la pauvreté », s’insurge Zoljargal Purevdash. Si seulement je pouvais hiberner, un grand film universel, sensible et intelligent.

(Mohamed Berkani, FranceInfo Culture, publié le 07/01/2024)

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