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MÉTÉORS
Hubert Charuel et Claude Le Pape racontent une belle histoire d’amitié dans une région en crise.
Parler de personnages dont peu de personnes parlent », pourrait être la devise d’Hubert Charuel et Claude Le Pape. Après Petit paysan en 2017, ils reviennent dans leur région en Haute-Marne, et plus précisément à Saint-Dizier pour Météors découvert à Cannes puis Festival du film francophone à Angoulême. Leurs héros du quotidien sont trois. Le premier incarné par Salif Cissé a réussi dans le BTP et s’est plié à toutes sortes de compromis. Le second joué par Paul Kircher travaille dans un fast-food en essayant d’arrêter la bière et les joints. Et le dernier campé par Idir Azougli est plutôt paumé. Il vit de petites combines qui tournent souvent mal.
« Il arrive parfois un moment dans la vie où on se rend compte qu’un ami d’enfance est devenu toxique, explique Salif Cissé à 20 Minutes. C’est ce passage délicat que décrit le film quand ses potes ne savent plus trop quoi faire de lui parce qu’il ne sait pas trop quoi faire de lui-même ». Ce trio entre douloureusement dans une période où tout retour en arrière devient de plus en plus difficile quand on a effectué de mauvais choix.
Un trio complice
Idir Azougli, découvert dans Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin est bouleversant dans le rôle de ce type exubérant, roi des magouilles dangereuses comme de voler un chat de race sur un coup de tête quitte à causer des ennuis au copain qu’il embarque dans son délire. « On s’est inspiré de l’un de mes cousins pour écrire le personnage, explique Hubert Charuel. Il correspond à une réalité d’un garçon détruit par ses addictions ». Les « météors » du titre sont les petites catastrophes intimes qui tombent sur le nez des héros.
« C’est une belle histoire d’amitié, précise Paul Kircher. Ils ont grandi ensemble et sont parvenus à un moment où leurs chemins vont se séparer parce que leurs intérêts sont devenus incompatibles. Ne pouvant sauver leur ami, ils essayent de se sauver eux-mêmes ». Il y a une infinie tendresse dans la façon dont les cinéastes décrivent ce processus inévitable. L’alchimie entre les membres du trio est un ingrédient indispensable pour favoriser l’empathie du spectateur. Les trois acteurs ont appris à se connaître avant le tournage. Leur complicité évidente rend les différends entre leurs personnages d’autant plus tristes. « Etant originaire de Marseille, j’ai découvert la région pendant ce travail préparatoire qui nous a permis de nous lier », déclare Izir Azougli.
Dans la survie
Leurs aventures s’ancrent profondément dans leur environnement quand ils vont travailler dans une « poubelle nucléaire » dont ils ramassent les déchets ou essayent de s’adapter à l’activité d’un chantier. « Il y avait de vrais ouvriers qui venaient nous montrer comment faire, se souvient Idir Azougli. On voulait être au plus près de la réalité dans les gestes professionnels ». Le décor de la centrale, fascinant, est un élément clé d’une intrigue qui penche vers le polar. Il n’est pas étonnant qu’Hubert Charuel et Claude Le Pape se réclament de James Gray dans leur approche. « Nous n’avons pas cherché à livrer un constat plombant, précise cette dernière. Notre but est de montrer des jeunes tentant de survivre et parvenant à le faire, chacun à sa manière », disent-ils.