Copyright Pyramide Distribution

LE TABLEAU VOLÉ

Un tableau d’Egon Schiele, volé pendant la guerre, est le héros de ce nouveau film de Pascal Bonitzer, qui raconte cette histoire de spoliation et de réparation sur un ton à la fois grave et léger.

 

Le réalisateur Pascal Bonitzer s’est inspiré d’une histoire vraie pour écrire le scénario de ce nouveau film, qui raconte l’histoire incroyable d’un tableau d’Egon Schiele retrouvé par hasard près de quatre-vingts ans après sa disparition. […]

 

André Masson (Alex Lutz), commissaire-priseur dans une grande maison d’enchères, est sceptique quand on lui annonce par courrier qu’une œuvre d’Egon Schiele, Tournesols, disparue depuis la Seconde Guerre mondiale, aurait été retrouvée dans une maison à Mulhouse, en Alsace.

 

Le commissaire-priseur décide d’aller vérifier lui-même l’authenticité de cette œuvre au domicile de Martin (Arcadi Radeff), un jeune ouvrier qui vit seul avec sa mère (Laurence Côte). Il est accompagné par Bertina (Léa Drucker), experte en art expressionniste, qui est aussi son ex-femme. Quand ils découvrent le tableau, ils n’ont aucun doute, c’est bien la célèbre œuvre du peintre autrichien. D’où vient ce tableau, comment a-t-il atterri dans cette maison modeste, qui récupérera le tableau, et à quel prix ?

 

Maillon retrouvé d’une filiation rompue

De la spoliation à la réparation, le tableau devient l’enjeu d’une aventure qui confronte deux milieux sociaux, et dont tous les protagonistes, sans exception, sortiront transformés. La Shoah, la spoliation des familles juives pendant la Seconde Guerre mondiale, la collaboration de la police française, la filiation… C’est ce que raconte cette incroyable histoire de tableau volé puis retrouvé, dont Pascal Bonitzer s’est emparé pour en faire une comédie enlevée, qui met en scène une galerie de personnages bien dessinés.

 

Le réalisateur croque sans pincettes le milieu féroce du marché de l’art, dans lequel le personnage d’André fait figure de champion. Voiture et montres de luxe, le commissaire-priseur manie le cynisme et la condescendance sans modération. « On découvre à quel point ce milieu est compétitif. Je ne savais pas à quel point il y avait cette férocité, comme dans le monde de la finance », souligne l’actrice Léa Drucker dans une interview à FranceInfo Culture.

 

Dans cette aventure gravitent autour de lui trois femmes : sa stagiaire, une menteuse compulsive qui cache un secret (Louise Chevillotte), une ex-femme fantasque, amatrice de bains, et aussi sa seule véritable amie, et maître Egelman (Nora Hamzawi), une avocate qui ne le laisse pas indifférent, mais qui s’intéresse à un autre personnage.

 

Manipulations, tractations en coulisses, le film nous embarque dans un processus qui finira par un accord dans lequel chacun pourra trouver son compte. Incarné par le jeune comédien surprenant d’intensité Arcadi Radeff, le magnifique personnage de Martin, bouleversant, apparaît comme le maillon retrouvé d’une filiation rompue.

 

Un scénario bien ficelé sur un sujet inattendu, des dialogues savoureux, une mise en scène classique, mais efficace, et un beau casting font de ce dernier film de Pascal Bonitzer un moment à la fois instructif et divertissant.

(Laurence Houot, FranceInfo Culture, publié le 30/04/2024)

Écrire un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.