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TROIS AMIES

Le réalisateur de « L’Art d’aimer » ne se lasse pas de creuser l’inépuisable filon de l’amour et du hasard.

 

Après sa Chronique d’une liaison passagère, film présenté au Festival de Cannes en 2022 dans la sélection Cannes Première, Emmanuel Mouret revient avec Trois amies, un nouveau long-métrage dans lequel il met en scène une fois encore la question de l’amour à travers les aventures de trois amies.

 

Joan, Alice et Rebecca sont de vieilles amies. Joan est en couple avec Victor, mais ne ressent plus pour lui de sentiment amoureux, ce qui la rend triste. Alice, que l’amour stresse et rend malheureuse, a fait le choix de partager sa vie avec Éric, un homme dont elle n’est pas amoureuse, mais qui, pense-t-elle, est fou d’elle. Ce qu’ignore Alice, c’est que son Éric file le parfait adultère avec son amie Rebecca…

 

Malgré sa culpabilité et l’amour persistant et insistant de Victor, Joan, qui ne sait pas jouer la comédie, finit par le quitter. Ce premier acte marque le début d’un drame qui va changer le destin et la vie amoureuse des trois amies.

 

C’est quoi l’amour ? Pourquoi on aime, comment on aime ? Cette question traverse ce nouveau long-métrage d’Emmanuel Mouret, un fan du sujet, qui l’a décliné dans la totalité de sa filmographie. La question est ici traitée à travers trois histoires, trois femmes et trois visions de l’amour.

 

L’amitié entre Joan, Alice et Rebecca, et la liaison secrète de l’une d’entre elles avec le mari d’une autre créé les conditions idéales pour un scénario fait d’emboîtements et de causes à effets particulièrement propices à une dramaturgie vaudevillesque.

 

Un inventaire de l’art d’aimer

Dans ce jeu de construction habile, Emmanuel Mouret en profite pour dresser un inventaire de l’art d’aimer. Aimer comme Joan, sentimentale, sincère et raisonnable, ou comme Alice, amoureuse enflammée qui préfère opter pour la sécurité d’un amour sans passion plutôt que d’en subir les affres, ou encore Rebecca, la généreuse amoureuse qui s’oublie. Les hommes, ici présentés en contrepoint, ont, eux aussi, chacun leur manière d’aimer.

 

Mais au fil de l’aventure, et c’est tout le piment de l’histoire, l’amour et le hasard réservent des surprises et bouleversent les scénarios. Quand le film se referme, les lignes ont bougé, dans un sens qu’on n’aurait pas imaginé, avec un clin d’œil hilarant sur le rôle de l’intelligence artificielle dans ce jeu de l’amour et du hasard.

 

Toute l’histoire nous est racontée en voix off par Victor, dans une adresse directe et complice au spectateur, façon Woody Allen. On retrouve aussi la veine rohmérienne de Mouret, cette fausse simplicité dans la mise en scène et les dialogues, et cet art de traiter avec subtilité et un mélange de légèreté et de profondeur un sujet en apparence éculé.

 

Dans une réalisation fluide baignée d’une belle lumière, cette partition est parfaitement interprétée par les comédiennes et leurs pendants masculins, qui nous emportent définitivement dans les rebondissements de cette charmante comédie romantique à trois bandes.

(Laurence Houot, FranceInfo Culture, publié le 03/11/2024)

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