DAAAAAALI !
Le réalisateur rend un hommage malicieux à Salvador Dali dans ce film original dans lequel on les reconnaît tous les deux.
Dire que Quentin Dupieux n’est pas rare est un euphémisme. Avec Incroyable mais vrai, Fumer fait tousser, Yannick et maintenant Daaaaaali !, il a sorti quatre films en deux ans et a déjà annoncé le suivant A notre beau métier. Bien évidemment Daaaaaali ! n’a rien d’un biopic. Il s’agit d’hommage voire d’une variation sur Salvador Dali, maître de l’absurde avec lequel Quentin Dupieux doit ressentir une profonde filiation.
« Comme Dali le disait lui-même, sa personnalité était probablement son plus grand chef-d’œuvre. Mon film raconte modestement cela », confie le réalisateur dans le dossier de presse. Une journaliste, jouée par Anaïs Demoustier, cherche à coincer l’artiste le temps d’une interview. Un indice : elle n’est pas au bout de ses peines et c’est ce que raconte le film. Pour donner vie à ce projet aussi excentrique que son modèle, le réalisateur a usé du système qui lui réussit depuis très longtemps.
Un sujet bienveillant
« Pour écrire et réaliser cet hommage, je suis entré en connexion avec la conscience cosmique de Salvador Dali et je me suis laissé guider, les yeux fermés », déclare Quentin Dupieux. Ce concept malicieux est tout à fait dans l’esprit d’un cinéaste iconoclaste. Prétendre être « visité » par l’artiste lui-même donnait paradoxalement une liberté de création totale au cinéaste. Il a pris un plaisir malin à multiplier les références fines à l’œuvre de ce dernier mais aussi à Luis Buñuel, complice bien connu de Salvador Dali auquel il fait également de multiples clins d’œil.
Des comédiens complices
C’est l’un des secrets de Quentin Dupieux que de savoir attirer les meilleurs interprètes sur ses plateaux. On en viendrait à penser que les actrices et acteurs qui n’ont pas travaillé avec lui ont raté leur carrière. Pour incarner Salvador Dali, il en a carrément réuni cinq : Edouard Baer, Jonathan Cohen, Didier Flamand, Gilles Lellouche et Pio Marmaï. S’il prétend que le Maître lui a ordonné de « convoquer plusieurs comédiens brillants pour interpréter son personnage (trop complexe pour un seul homme) », cela semble aussi fort malin de ne faire appel à des stars que pour un temps de tournage bref, ce qui leur permet de se libérer plus facilement.
Le ton, c’est bon
L’artisanat est la marque de fabrique de Quentin Dupieux depuis Steak puis Rubber où il mettait en vedette un pneu tueur. Ce côté faussement désinvolte est contrebalancé par la justesse de ton du cinéaste qui fait revivre un Dali complexe à la fois drôle et attachant, touchant et exaspérant, flamboyant et dépressif. On se prend à penser que le réalisateur se reconnaît peut-être dans cet artiste qui dissimulait sa sensibilité derrière son ego surdimensionné et des provocations de gamin.