« Premières Classes » est un documentaire ukrainien, découvert en compétition au dernier Festival de Berlin, sous le titre « Timestamp« . Centré sur la question de l’éducation et le maintient des écoles ouvertes, malgré parfois la proximité du front, il s’agit d’un portrait de la résilience d’un peuple, soucieux, au-delà de sa propre défense, de conserver sa culture et son Histoire, qui ne peuvent être réduites au conflit en cours. Bien entendu le film ne cache rien des difficultés pour faire classe et de l’impact de la guerre (minute de silence, alertes, bâtiments en ruine, promiscuité des abris…).

Égrainant les noms de villes, avec à chaque fois indiquée la distance au front, ce sont différents modes de résistance qui sont y ici mis en avant : cours de math en extérieur, utilisation de la visio (y compris pour les examens), station de métro reconvertie, cours de danse dans la rue, conception d’abris adaptés, reconstruction d’écoles (qui ne vont jamais assez vite)… Cumul de petits gestes donnant de grands mouvements, « Premières Classes » met aussi en évidence l’incursion de la guerre dans l’enseignement lui-même, avec l’apprentissage du maniement des armes dès l’enfance, la sensibilisation aux objets dangereux ou piégés, la présence régulière de corps, les chants collectifs disant le mépris de la guerre… Emouvant par l’esprit de résistance qu’il charrie, le documentaire est un témoignage poignant et cru, affirmant la vie au milieu du carnage.

(Olivier Bachelard, Abus de Ciné)