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VIE PRIVÉE
Rebecca Zlotowski offre aux comédiens des rôles d’époux séparés mais toujours complices dans cette savoureuse comédie policière.
Quel beau couple de cinéma ! Jodie Foster et Daniel Auteuil en ex-mari et femme, justifient à eux seuls de voir Vie privée, comédie à suspense signée Rebecca Zlotowski, réalisatrice, entre autres des Enfants des autres et de Planétarium. Ils ne sont pas le seul atout de ce bonbon délectable dégusté à Cannes puis à Deauville. L’enquête farfelue d’une psychiatre persuadée qu’une de ses patientes a été assassinée offre un beau rôle – en français – à la star américaine.
« Mon personnage est une mauvaise psychanalyste, explique Jodie Foster à 20 Minutes. Elle est angoissée et dirigiste. Je ne suis pas une spécialiste de la psychanalyse freudienne, même si je me suis documentée avant le tournage, mais je trouve qu’elle constitue un moteur passionnant pour la fiction, une lentille permettant une image fascinante pour la narration ». C’est effectivement un régal de voir cette femme flippée au possible se lancer dans l’aventure sur la piste d’un mystérieux assassin.
À deux, c’est mieux
Malgré sa carrière conséquente, Daniel Auteuil était impressionné à l’idée de donner la réplique à Jodie Foster mais son appréhension s’est envolée sur le plateau. « Une fois qu’on est lancés, il n’y a plus que le plaisir du jeu, confie-t-il. Nous avons cela en commun car nous avons, l’un comme l’autre, une certaine expérience du métier ». Cela se sent dans leurs tête à tête qui culminent avec une scène de sexe torride, dans un ascenseur, où la tendresse le dispute à la sensualité.
« On voulait que ça fasse vrai, explique Jodie Foster. Quand on est partenaires de jeu, on passe une sorte de pacte afin d’agir en commun pour le bien du film. On est là pour la même raison : créer quelque chose ensemble ». Leur naturel stupéfiant est celui d’un vieux couple complice malgré leur séparation que Rebecca Zlotowski magnifie avec pudeur.
Jodie et le(s) Français
« Plus je prends de l’âge, plus j’estime que le vrai travail est de parvenir à être détendue. », précise Jodie Foster dans un français impeccable qu’elle pratique depuis l’enfance. Elle avait déjà joué dans notre langue pour Moi, fleur bleue d’Eric Le Hung en 1977. « Je me sens plus à l’aise en français maintenant, dit-elle. Quand j’étais gamine, j’avais l’impression d’être nulle dans votre langue parce que j’étais la seule à ne pas être française dans ma classe. Cela dit, j’ai toujours un peu l’impression que je m’exprime comme une enfant ». Ce qui est totalement faux, bien sûr mais qui sert sa prestation. « Mon personnage a constamment l’impression de ne pas pouvoir dire clairement ce qu’elle pense. On la sent frustrée. Son manque de confiance la rend très différente des autres rôles qu’on m’a confiés jusqu’ici », insiste Jodie Foster.
Quant à donner la réplique à des comédiens francophones, cela ne lui a posé aucun souci. « Un acteur est acteur, souligne-t-elle. On travaille tous plus ou moins de la même façon. Et là, on peut dire que j’étais vraiment très bien entourée ». L’héroïne croise des personnages savoureux joués par Virginie Efira, Mathieu Amalric, Vincent Lacoste et Noam Morgensztern de la Comédie-Française sans oublier le grand réalisateur Frederick Wiseman, l’autre Américain de cette réjouissante galerie.