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PRISCILLA

La relation entre une toute jeune fille et Elvis Presley est montrée de façon fascinante et glaçante par la réalisatrice de « Virgin Suicides ».

 

Sofia Coppola considère Elvis Presley « comme un vampire » dans Priscilla. La réalisatrice raconte dans son film comment une jeune Américaine, encore collégienne en 1959, a fait battre le cœur du King avant de venir vivre avec lui dans son domaine luxueux mais isolé de Graceland. Cailee Spaeny, dans le rôle-titre, n’a pas volé son prix d’interprétation à la Mostra de Venise. De gamine timide à femme épanouie, elle parcourt le chemin douloureux de son modèle, la vraie Priscilla Presley, qui a coproduit ce film dur et puissant.

 

« Priscilla n’avait que 14 ans et Elvis en avait 24 lorsqu’ils se sont rencontrés pour la première fois, explique Sofia Coppola. Il était une superstar adulée et elle n’était qu’une enfant. » Séduit par la fraîcheur de cette toute jeune fille, il lui fait vivre un conte de fées qui tourne doucement au cauchemar. Jacob Elordi est épatant de charme souvent cruel dans la peau de l’idole.

 

Une cage dorée

« Il est comme un vampire qui la reçoit dans son château, précise Sofia Coppola. Elle vit une existence dorée mais n’a aucune liberté et ne vit que pour attendre Elvis. » Ce dernier se montre vite tyrannique, exigeant qu’elle lui obéisse au doigt et à l’œil sous la menace de la renvoyer chez ses parents. Cette magnifique maison devient glaçante au fur et à mesure que Priscilla mûrit dans l’ombre de l’idole.

 

« On me dit souvent que j’aime parler de solitude et d’ennui, et cela m’étonne toujours », reconnaît Sofia Coppola. Ce sont pourtant ces émotions qui sourdent des personnages de Virgin Suicides, Lost in Translation et Marie-Antoinette. Priscilla rejoint les précédentes héroïnes de la cinéaste en étant assujettie au moindre désir du rockeur, qui décide de chaque détail de son apparence.

 

Des frissons dans le dos

« Elle cesse de l’intéresser quand elle n’est plus pure et qu’elle commence à se rebeller », explique Sofia Coppola. Elvis ne peut pas accepter que, une fois devenue son épouse, Priscilla soit à la fois femme et mère. Les vampires ne sont friands que du sang de vierges. « Tous deux sont des jeunes gens exploités, chacun à sa façon », précise Sofia Coppola. Elvis, fermement cornaqué par son manager le « Colonel » Parker, n’a pas non plus vraiment de libre arbitre.

 

La réalisatrice admet volontiers que son film fait passer des frissons dans le dos avant que la jeune femme finisse par s’émanciper. « Priscilla, c’est un film d’horreur », estime-t-elle. Une histoire horrifique, mais vraie.

(Caroline Vié, 20 Minutes, publié le 02/01/2024)

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