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PATERNEL

Grégory Gadebois incarne un prêtre découvrant qu’il est le père d’un fils de 11 ans dans « Paternel », un film qui invite à s’interroger sur la hiérarchie ecclésiastique.

 

Pourquoi tout le monde t’appelle mon père et moi je ne peux même pas t’appeler Papa ? » Cette question que pose un gamin de 11 ans à son père prêtre est au centre de Paternel de Ronan Tronchot. Grégory Gadedois incarne ce prélat qui voit débarquer une jeune femme (Géraldine Nakache) qu’il n’a pas vue depuis des années avec un fils dont elle lui apprend qu’il est le géniteur.

 

« Mon coscénariste, Ludovic du Clary, et moi avons souhaité être le plus réalistes possibles pour décrire l’Eglise qui se compose de personnalités différentes », explique le réalisateur à 20 Minutes. Le prêtre du film doit composer avec les différentes réactions de son entourage et de la hiérarchie ecclésiastique face à cette paternité qu’il tente d’abord de cacher. « Notre souhait était d’interroger la notion de paternité dans tous les sens du terme » insiste le réalisateur.

 

Une zone grise

« Il fallait avant toute chose éviter les caricatures, précise Ronan Tronchot. C’est pour cela que nous nous sommes documentés soigneusement en nous adressant à des prêtres d’âges et de situations géographiques différents qui n’avaient pas obligatoirement le même rapport à la vocation. » Le cas du héros du film est délicat car il tombe dans une zone grise. Il n’a commis aucune faute puisque son enfant a été conçu avant qu’il soit prêtre et qu’il en ignorait l’existence. De quoi poser un cas de conscience.

 

« Un prêtre traditionaliste et un prêtre progressiste ont pour point commun la vocation et la pratique du culte, mais ils ne réagissent pas de la même façon à ce qui se passe autour d’eux, déclare Ronan Tronchot. On ne montre souvent que la face la plus réactionnaire de l’Eglise alors qu’il existe des prêtres qui vivent leur religion de façon plus ouverte. »

 

Une évolution progressive

Le réalisateur a pu constater que différents scandales ont laissé des traces profondes chez les fidèles. « Certains ont pris leurs distances, dit-il. Ils se sont sentis trahis et ont perdu confiance après les mensonges qui ont secoué l’institution depuis des années » Pour autant, Roman Tronchot demeure optimiste. « Beaucoup pensent qu’il est temps de changer précise-t-il mais cela se fait lentement. L’institution est lourde et elle a une dimension internationale qui fait que la modernisation avance à petits pas. »

 

Ce que constate le héros de Paternel, confronté à la peur scandale et déchiré entre les devoirs de sa charge et son amour pour son enfant. « Peut-on à la fois remplir son rôle de père et s’occuper de ses paroissiens ? L’expérience personnelle aide-t-elle à conseiller les autres ou rend-elle au contraire plus perméable au doute et moins disponible ? Toutes ces questions sont celles que nous avons souhaité aborder dans le film » insiste le réalisateur.

 

Un appel à la réflexion

Paternel laisse le spectateur se faire sa propre opinion sur les réponses à apporter. Ce film délicat se contente de donner des pistes. « Nous ne voulions pas nous attaquer aux catholiques pratiquants, ni leur faire peur en leur donnant l’impression que le film n’est pas pour eux » insiste Ronan Tronchot. Sans agressivité, avec beaucoup d’humanité, il ouvre une réflexion passionnante sur l’avenir d’une l’Eglise dont cette histoire met les contrastes en lumière.

(Caroline Vié, 20 Minutes, publié le 27/03/2024)

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