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VIVRE AVEC LES LOUPS

Jamais démagogique, sincère dans ses intentions, le documentaire de Jean-Michel Bertrand fait éclore dans cette lutte pour la protection des loups en France, un projet pour une humanité plus juste.

 

Jean-Michel Bertrand quitte sa maison avec sa seule moto et s’enfonce dans les montagnes couvertes de forêts. Il a construit une cabane à même la roche, lui permettant de scruter voire de se confondre avec la nature. Il équipe de caméras différents arbres, afin de saisir le passage des animaux sauvages, à commencer le loup. La bête effraie. Le réalisateur a conscience que le sujet n’est pas simple. Le militant comprend la colère des bergers qui ont subi des pertes importantes de leur cheptel. Et pour autant, à travers son combat pour la défense des loups, il invite les éleveurs de moutons et de brebis à changer leurs modes de production et à partager les paysages avec les animaux.

 

Clairement, Vivre avec les loups est un film militant. Le documentaire s’ouvre sur des projections publiques où le cinéaste génère autant l’admiration des spectateurs que la colère des éleveurs qui voudraient faire disparaître le prédateur des lieux où ils exercent. En ce sens, le projet de Jean-Michel Bertrand refuse la démagogie ou le populisme. Il donne à lire tous les points de vue sur le sujet sensible des loups dans nos campagnes, tenant compte du fait qu’il y a tout un imaginaire culturel qui pèse sur leur survie. Il montre avec brio que les contraires peuvent s’assembler, sous condition d’une société moins axée sur le capitalisme et le consumérisme que l’harmonie avec les éléments naturels. Les prédateurs incarnent ainsi une invitation à un projet d’humanité plus vertueux, en phase avec le rythme de l’univers, et soucieux d’un équilibre entre le besoin de progrès et le droit à la nature de résister à a destruction de l’homme. Jean-Michel Bertrand donne à voir son propre quotidien où il fait la démonstration de la possibilité d’une existence simple, en accord avec les éléments naturels.

 

Le film est très beau, ce qui ne gâche rien au message militant. La photographie, la lumière et les visions aériennes sont très soignées. Les équipes de tournage sont d’ailleurs mises à l’honneur dans le générique de fin qui trahit la difficulté aujourd’hui de réaliser des films alternatifs, moins commerciaux. Gebeka Films s’éloigne des productions d’animation pour enfants que la société distribue habituellement, pour un film documentaire généreux, ample et vivant. Cette ouverture vers un catalogue nouveau pour le distributeur témoigne de la nécessité de nous ouvrir à cette réalité assez peu connue des loups dans nos campagnes et à interpréter le combat pour leur survie comme un appel à prendre durablement soin de la nature.

 

(Laurent Cambon, Avoir à Lire, publié le 28/01/2024)

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