BURNING DAYS
Un jeune procureur se heurte aux notables d’une petite ville dans ce film turc très prenant aux thèmes universels.
Le héros de Burning Days, film d’Emin Alter découvert à Cannes l’an passé, ne sait pas à quoi il s’expose quand il débarque dans une petite ville reculée de Turquie. Ce jeune procureur inflexible et incorruptible trouve à qui parler en se frottant à des notables dont le comportement aimable cache le désir de préserver leurs avantages à tout prix.
Le réalisateur de Derrière la colline (2016) et A Tale of Three Sisters (2019) adopte le ton d’un thriller étouffant pour faire partager le cauchemar d’un homme idéaliste confronté à un monde qui va, tout doucement, broyer ses illusions et sa personne. « On peut avoir le courage de se battre contre des politiciens corrompus et autoritaires, mais quand on voit que ces gens sont populaires et qu’ils sont réélus par le peuple encore et encore, on se sent désespéré et isolé », explique le cinéaste qui partage cette opinion avec son héros.
Une œuvre virtuose
Au cœur d’un désert implacable se trouve un gouffre vertigineux, créé par une exploitation sauvage des nappes d’eau souterraines. Il pourrait engloutir le juriste dans un pays où les traditions ont bon dos pour justifier une homophobie larvée et la défense d’intérêts particuliers.
Suspense écrasant et menace diffuse sont au programme de ce thriller dénonçant par l’exemple les dérives autoritaires d’un pays tout entier. Burning Days fascine et inquiète à égale mesure. Il s’agit d’une œuvre virtuose dont les thèmes universels dépassent largement la seule Turquie.