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LA SALLE DES PROFS

Premier film sortant en salles en France du réalisateur allemand İlker Çatak, « La Salle des profs » est en lice aux Oscars, dans la catégorie du meilleur film international.

 

Huis clos dans un collège allemand perturbé par une série de vols, La Salle des profs, sorti en salles mercredi 6 mars, a battu des records d’entrées en Allemagne. Multirécompensé dans des festivals, il a remporté cinq Lola, l’équivalent germanique de nos César.

 

Si les trois précédents films d’İlker Çatak ont été diffusés sur Arte, c’est la première fois qu’il se retrouve en salles en France, après avoir rassemblé 300 000 spectateurs en Allemagne en quelques mois.

 

Vol au collège

En Allemagne, une série de vols commis dans la salle des professeurs d’un collège inquiète l’administration. Professeure de maths, Carla Nowak laisse volontairement sa veste avec son porte-monnaie dans une poche, face à son ordinateur qui filme, jusqu’à ce qu’une fonctionnaire qu’elle reconnaît lui subtilise son argent.

 

L’accusation, que cette dernière réfute, provoque une crise dans l’établissement, notamment avec Oskar, le fils de la voleuse soupçonnée, que la professeure a dans sa classe.

 

İlker Çatak extrait une tension complexe et riche à partir d’une situation qui ne relève pas même du fait divers : le vol au collège. Situé dans le cadre protégé, sécurisé, d’un établissement public allemand, le film joue de cette sécurité primordiale au partage des connaissances. Ce vol que subit Carla va la victimiser doublement. Alors qu’elle est fraîchement arrivée, la malveillance qui la vise la distingue de ses collègues et s’y ajoute sa confrontation à Oskar, convaincu de l’innocence de sa mère.

 

Film civique

Observateur de la situation, İlker Çatak tire parti du collège comme lieu inhabituel pour un thriller. La description d’un univers clos, autonome, avec ses rituels, la classe, le réfectoire et la « salle des profs » lèvent le voile sur un monde auquel les parents d’élèves ont peu accès. Le cinéaste n’en tire pas une fiction documentaire, mais transforme le collège en lieu dramatique, où se joue une pièce au sens civique.

 

Carla voit se retourner contre elle le sort qu’elle a jeté, comme instigatrice de son propre vol. En découvrant ainsi le voleur, elle crée paradoxalement le chaos. Si elle reçoit en retour la violence d’Oskar, leur conflit rejaillit sur tout le collège, jusqu’à sa résolution. La progression du récit et les tensions propres au thriller mènent à une fin ouverte qui questionne le civisme, la tolérance et l’intégrité. Beau programme.

(Jacky Bornet, FranceInfo Culture, publié le 03/03/2024)

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