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NOSTALGIA

Le toujours aussi magnétique Pierfrancesco Favino incarne un homme qui revient affronter les fantômes du passé dans une ville par ailleurs hantée par la Camorra. Mélancolique et amer.

 

Un homme revient à Naples quarante ans après en être parti pour des contrées étrangères. Felice (Pierfrancesco Favino, acteur au magnétisme toujours aussi animal) retrouve sa mère dans un appartement délabré, range ses souvenirs et redécouvre une ville dont il se demande si elle a changé. Il observe les ruelles, les terrasses, les toits et surtout la jeunesse, indécise sur la route qu’elle doit emprunter. Un prêtre militant s’efforce de la maintenir dans le droit chemin, pendant que l’ombre de la Camorra a déjà envahi l’esprit d’une armée sans avenir.

 

Felice se revoit, plus jeune, en train de chevaucher une moto sur les pavés en compagnie d’un ami proche avec qui il traînait inlassablement. Il veut absolument revoir ce dernier, devenu ponte mafieux impitoyable et redouté, même si ravagé par l’alcool et les traumas. Incroyable comme la caméra de Mario Martone parvient à rendre ambivalente, voire vénéneuse, la moindre émotion. À instaurer un climat de menace dans le sillage de chaque geste. Pas un film de mafia, non, mais un film de fantômes, mélancolique, amer et bouleversant, qu’on pourrait facilement ranger à côté de ceux de Clint Eastwood. En compétition lors du Festival de Cannes 2022.

 

(Christophe Caron, La Voix du Nord, publié le 03/01/2024)

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