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OMAR LA FRAISE

Le réalisateur Elias Belkeddar signe un premier film attachant sur une histoire d’amitié et de déracinement. Le duo Réda Kateb-Benoît Magimel fonctionne à merveille. Efficace.

 

On dirait un long clip, qui ressemble à celui de DJ Snake Disco Maghreb. Vérification faite, c’est le même réalisateur : Elias Belkeddar. Images léchées, rythme cadencé, musique entraînante signée par le génial et incontournable Sofiane Sadi, et pour l’interprétation Réda Kateb en voyou aux cheveux longs et Benoît Magimel, plus Gérard Depardieu que jamais. Omar la Fraise est, sûrement, la version longue de Un jour de mariage, court-métrage du réalisateur présenté à Cannes en 2018. Le scénario est sensiblement le même, sauf que le voyou qui traîne son spleen à Alger ne s’appelle plus Karim mais Omar et son ami est Français et se prénomme Roger. Le duo d’acteurs Kateb-Magimel fonctionne à merveille. Leur amitié transperce l’écran.

 

Efficace et sensible

Le film s’ouvre sur une scène absurde, loufoque : Réda Kateb et Benoît Magimel marchent dans le désert en discutant du sort de l’une de leurs connaissances. Puis, au milieu de nulle part, ils arrivent devant un 4X4, conduit par des Touaregs. Ils échangent leurs sacs, argent contre drogue, tout en continuant leur discussion anodine, sans échanger un seul mot avec leurs partenaires.

 

Le ton est donné. Le film carbure à l’humour, aux belles images, à l’esthétisme. Omar donc, condamné en France, n’arrive pas à s’intégrer au pays d’origine de ses parents. Roger lui demande de faire des efforts et se tenir tranquille, loin du trafic de drogue. « Tu crois que je vais passer ma vie à bord de la piscine, où il n’y a pas d’eau ? », s’emporte Omar, qui ne rêve que de repartir en France. Des deux, c’est Roger qui s’est le plus adapté à son nouvel environnement.

 

Alger, Alger

La belle trouvaille du film, en plus du duo, c’est la part belle faite à Alger dickensienne, sombre. Le réalisateur a trouvé des gamins très doués et attachants pour interpréter une bande de loubards prêts à tout pour arriver à leurs fins, souvent de façon maladroite et violente. « Celui qui veut du poisson doit se mouiller les fesses », philosophe la cheffe, du haut de son adolescence. Omar se reconnaît dans ces jeunes délinquants. Il les prend en affection. Une compréhension mutuelle s’instaure entre lui et la bande du Climat de France, l’un des quartiers les populaires d’Alger.

 

Et puis, au dépourvu, l’amour prend un visage, celui Meriem Amiar. Ce n’était pas dans le plan d’Omar de s’ouvrir aux autres. De faire confiance. Et quand Omar aime… Omar la Fraise, un film efficace, attachant.

(Mohamed Berkani, FranceInfo Culture, publié le 20/05/2023)

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