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L’ODEUR DU VENT

Un détail qui n’en est pas un : l’iranien Hadi Mohaghegh a d’abord étudié la mécanique automobile avant de se tourner vers le théâtre puis le cinéma. L’acteur et cinéaste sait donc mieux que personne, qu’une seule pièce vous manque et tout est déréglé. L’existence tout entière peut évidemment s’envisager de la sorte. L’Odeur du vent est un grand film en forme d’épopée, où les êtres avancent tant bien que mal au milieu d’une nature souveraine. Tout part d’une panne, celle du transformateur d’une maison isolée au milieu des plaines iraniennes où vivent un homme invalide et son fils alité. La réparation va nécessiter tout un périple. L’électricien en charge du problème (campé par le cinéaste lui-même), voit s’enchaîner les contretemps et les imprévus, ce qui ne l’empêche pas de garder un calme olympien. D’ailleurs tout le monde ici semble accepter ces impondérables qui braquerait l’homo « occidentalus » pour moins que ça. C’est peu dire qu’Hadi Mohaghegh – devant et derrière donc – fait corps avec son film d’une pureté implacable. Comme chez Abbas Kiarostami auquel on pense forcément beaucoup, la traversée d’un paysage invite à une lecture à la fois transcendantale et pragmatique des choses. L’image ne délivre ses secrets qu’à celui ou celle qui sait la regarder donc la ressentir (les séquences avec l’aveugle sont éloquentes). Et la panne dans tout ça ? Elle sera – attention spoiler ! – réparée, et apportera enfin une lumière bien insignifiante face à la majesté naturelle du monde. L’Odeur du vent, un si beau western.

(Thomas Baurez, Première)

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