Copyright Metropolitan FilmExport
LIRE LOLITA À TÉHÉRAN
Adapté fidèlement du best-seller d’Azar Nafisi qui créa en Iran un club clandestin de lectures interdites, le film nous plonge dans l’intimité d’un groupe de femmes attachantes.
Elle aurait dû le savoir. Dès son arrivée à l’aéroport de Téhéran, le policier peu amène lui a demandé ce que c’était que « ça » , d’un air dégoûté. « Des livres » , a-t-elle répondu, en ajoutant : « je suis professeur de littérature anglo-saxonne à l’université ». Mauvaise pioche. Dans l’Iran des années 1980, celle de l’ayatollah Khomeyni, les livres étrangers disparaissent peu à peu des librairies de Téhéran. Golshifteh Farahani secoue ses longues boucles brunes, sidérée par l’affront fait à ses auteurs chéris, Nabokov, Fitzgerald, Austen, James. Elle rentre au pays après plusieurs années aux États-Unis et découvre que la littérature effraye les mollahs autant qu’une tête de femme non voilée. La double peine.
Le réalisateur israélien Eran Riklis adapte fidèlement le best-seller d’Azar Nafizi, Lire Lolita à Téhéran, publié en 2003 et traduit en 32 langues. Golshifteh Farahani prête ses traits à l’écrivain qui créa un club de lecture clandestin pour ses étudiantes après avoir été renvoyée de l’université. Ce gynécée fébrile et attachant permet d’incarner la tragédie en marche, celle qui a abouti au mouvement Femme, Vie, Liberté. Déjà les mêmes privations, déjà les mêmes humiliations, déjà cet encagement progressif.